Qu'est ce qui cloche ?

On le voit le bilan du dépistage n'est pas aussi satisfaisant qu'on aurait pu le penser. Alors, qu'est-ce qui cloche avec le dépistage ?
Pour le comprendre, il faut se rappeler qu'il n'y a pas le Cancer du sein mais des cancers du sein, chacun avec son génie évolutif propre. Certains cancers évolueront très vite, d'autres évolueront lentement et d'autres encore n'évolueront pas du tout, voire régresseront spontanément.
Ces différences d'évolution jouent un rôle fondamental dans la balance bénéfices/risques du dépistage.
Il faut se rappeler qu'une tumeur n'est détectée par le dépistage que si la mammographie de dépistage est réalisée dans une "fenêtre" de temps qui va du moment où la tumeur est assez grosse pour être vue à la mammographie jusqu'au moment où la tumeur est assez grosse pour être symptomatique (le dépistage est alors inutile ; ce sont les symptômes qui conduisent au diagnostic).
Comme le montre le schéma ci-dessous, la fenêtre pour le dépistage est courte pour les tumeurs d'évolution rapide ; elle est au contraire longue pour les tumeurs d'évolution lente. Le dépistage est donc, par nature, peu performant pour les tumeurs d'évolution rapide (l'invitation au dépistage risque fort d'arriver trop tôt ou trop tard) et beaucoup plus performant pour les tumeurs d'évolution lente (si la tumeur est ratée par un 1er dépistage, la fenêtre est assez longue pour permettre de la trouver 2 ans plus tard, lors du dépistage suivant).
Malheureusement, ce sont les tumeurs d'évolution rapide qu'il faudrait trouver en priorité car ce sont celles qui ont le plus mauvais pronostic et pour lesquelles chaque jour compte. L'intérêt de trouver par le dépistage les tumeurs d'évolution lente est beaucoup moins évident. Si l'évolution est très lente, ces tumeurs sont majoritairement des surdiagnostics et, même quand ce ne sont pas des surdiagnostics, du fait de l'évolution lente, gagner quelques mois ne va pas changer fondamentalement le pronostic.

On le voit, le dépistage présente un défaut structurel qui le conduit à avoir tendance à rater sa cible, les tumeurs d'évolution rapide et de mauvais pronostic, et à créer des surdiagnostics.

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Dernière mise à jour le 12/09/2021